Mes 20 années d'enseignement ont été l'occasion de multiples évolutions pédagogiques dictées par la nécessité de s'adapter aux nouvelles technologies, aux évolutions du public des apprenants ou pour combattre l'inévitable usure de l'enseignant lorsque les choses sont trop répétitives. Fonctionnant déjà en Cours/TD dans un module, j'ai démarré il y a trois ans une expérience de classe inversée en parallèle dans 2 modules d'enseignement. Ces 2 deux expériences concernent des modules en formation d'ingénieur. La première compte 20h, évaluation comprise, et concerne des apprenants en formation initiale en spécialité Mécanique et la seconde a été mise en œuvre pour une partie de module comptant 13h et concerne des apprenants en formation d'ingénieur en Génie Industriel (GI) sous statut d'apprenti. Il est à noter qu'une partie des objectifs d'apprentissage de ces deux enseignements est commune. Ceci m'a permis de de ne réfléchir qu'à une démarche et de mutualiser certaines ressources puis, au final, de comparer le résultat. Une particularité importante de ces expériences est que je combine la classe inversée avec le travail en îlot, les étudiants n'étant jamais seuls dans le travail en séance. De plus il n'y a pas de correction au tableau ce qui oblige chacun à travailler. Enfin je m'appuie largement sur la plateforme pédagogique Moodle.

Ces deux expériences, relatées en détail au CFM 2017, ont présenté quelques écueils en partie parce que la version de classe inversée alors appliquée était « a minima » à savoir que les supports pour l'apport de connaissances étaient exclusivement constitués d'extraits de polycopiés déjà existants. Pour autant, ces expériences se sont révélées enrichissantes et ont globalement porté leurs fruits. C'est pourquoi je les ai reconduites l'année suivante en assurant en complément l'intégralité du cours GI en classe inversée. Pour plus d'efficacité, j'ai fait quelques modifications et ajouts en enrichissant notamment la partie apprentissage en autonomie par des vidéos et/ou en modifiant les polycopiés pour qu'ils deviennent davantage des documents d'apprentissage que des documents de synthèse. J'ai également complété l'expérience en passant deux autres modules d'enseignement en classe inversée, de respectivement 22h et 16h, tous deux en formation d'ingénieur en Mécanique. J'ai entrainé avec moi dans l'aventure un collègue, chacun de nous prenant en charge un groupe de TD. Cette année ces 4 enseignements ont été reconduits sous la forme de la classe inversée, tout en étant enrichis mais aussi adaptés.

Depuis 3 années, j'ai donc conduit 10 modules d'enseignements en classe inversée, toujours en formation d'ingénieur et dans le domaine du génie mécanique mais en balayant des publics différents (statut, niveau) et avec des objectifs d'apprentissage différents. De plus, si les principes de base sont identiques dans tous les modules, la mise en œuvre présente quelques différences qui ont sans doute une influence sur le résultat obtenu.

Le but de cet article est de faire un bilan complet de ces 10 expériences. En préambule, je synthétise le niveau d'enseignement, le type d'apprenants concernés, les volumes horaires et le programme de chaque module avant puis avec la classe inversée. Puis, j'explique les principes de base de ma version de la classe inversée et complète par la présentation des différences existant entre ces expériences. Je termine par un bilan comparatif. Celui-ci est axé sur l'évolution des résultats des apprenants et de leur implication dans le travail, le ressenti des apprenants, l'évolution de mon état d'esprit et de ma motivation mais aussi les difficultés rencontrées, les points de vigilance et l'impact sur ma quantité de travail.